Quelques anecdotes vécues récemment. Besoin d’un renseignement pour un voyage en train, que je ne peux trouver sur le site de feu SNCF, vous savez cette ancienne grande entreprise nationale que les génies de la « Start-Nation » ont rebaptisé du nom ridicule de »OUI.Sncf »! Je me rends à la gare de Lyon-Perrache, où transitent chaque jour environ 100 000 voyageurs. Direction le bureau d’information. Fermé. Et j’apprends qu’il est fermé définitivement! « mais monsieur il vous faut aller à la gare de Lyon Part-Dieu« . Mais bien sur!
TER Lyon Saint-Etienne: aller retour, pas de contrôleurs à bord. TER Lyon-Villefranche : pas de contrôleurs à bord. Train Corail Lyon-Dijon (oui je suis un adepte du train). Ah voici un contrôleur. Je lui fais part de ma stupéfaction de n’avoir vu aucun contrôleur lors de mes trajets en RER. »Mais monsieur, effectivement il n’y a quasiment jamais de contrôleurs sur les trajets TER dont vous me parlez. Et ajoute t’il il en de même sur le TER Lyon-Vienne. Parfois, mais rarement, des équipes volantes..! ». Ainsi donc, si un passager a un souci, de quelque ordre que ce soit, s’il survient un incident, les passagers sont livrés à eux-mêmes. Puis je ajouter de façon quelque peu perfide que cette absence quasi continuelle de contrôleurs est une belle incitation à la fraude?
L’envie vous prend elle d’aller passer un weekend dans les Hautes Alpes? Ayant pris par le passé la ligne Grenoble-Briançon, je me régale à l’idée de refaire le parcours sur cette voie unique, voyage dont la durée vous laisse le temps tout à la fois d’admirer le paysage, surtout en cette période automnale où flamboient les couleurs des mélèzes, frênes, trembles et autres érables qui tranchent avec le vert sombre des sapins et de lire un roman. « Mais monsieur cette ligne n’est plus en service. Et pour aller à l’Argentière-les-Écrins, Il vous faut passer par Valence puis prendre le train Valence/ Briançon..Euh…attendez, entre Valence et Crest il y a encore des travaux et là il vous faut prendre un bus » ! Quant à la gare d’Argentière-les-Écrins, c’est devenu un lieu fantomatique. Plus de guichet. Et un distributeur de billets en panne.
De son vrai nom L’Argentière-la-Bessée, cette petite ville au riche passé industriel (mines d’argent, usine d’aluminium) qui s’est développée gràce à l’énergie hydro-électrique..et à l’arrivée du rail (!) a vu depuis la fermeture des usines, les services publics la quitter, nombre de ses commerces fermer..et sa gare être transformée en une sorte de hall fantomatique alors même que l’Argentière constitue la porte d’entrée du Parc National des Ecrins, superbe lieu de courses en montagne et de randonnées, et se trouve à quelques kilomètres seulement de stations de ski…
Parcourir ces lieux, prendre le temps d’en admirer le patrimoine – le patrimoine bâti est superbe – de lire les traces largement visibles du passé industriel, mais aussi agricole et viticole, permet aussi bien et peut-être mieux que des discours ou des études savantes de sentir, de ressentir, de connaitre, de comprendre ce qu’a été le riche passé de cette région, et de mesurer les dégâts, sociaux et humains produits par la politique économique conduite depuis les années 80.
Ainsi et pour en revenir à la question des services publics, il ne fait pas bon d’avoir un souci de santé un tant soit peu sérieux si vous habitez cette vallée de la Gyronde (très joli nom pour cette rivière – qui a l’allure d’un torrent – née du confluent de l’Onde et de la Gyre). Pour certains examens que l’hôpital de Briançon ne peut réaliser vous serez orienté soit sur Gap (une bonne heure de train) ou Grenoble, soit 3 à 4 heures..en bus.
Au retour de cette région magnifique, je me suis demandé si nos hauts-fonctionnaires, technocrates et dirigeants dont certains fréquentent cs lieux pour des courses en montagne ou pour le ski avaient quelque conscience de ces réalités que vivent les habitants des villages de ces régions oubliées. Je vous laisse le soin de répondre.
Ainsi que je le notais récemment sur ma page FaceBook la question des Services Publics, de leur réparation, de leur réforme, de leur adaptation au temps présent doit être la priorité des priorités des candidats à l’élection présidentielle, tout comme la revalorisation, sociale, statutaire, indemnitaire des fonctionnaires et la réaffirmation de leurs missions.
Vous avez dit fonctionnaire? Au moment où les candidats conservateurs nous ressortent la vielle rengaine de la diminution du nombre de fonctionnaires, je m’efforcerai dans un prochain article, de montrer combien le métier de fonctionnaire n’est pas un métier comme les autres, et combien et plus que jamais, pour faire société, pour re-construire notre Nation, nous en avons besoin!
L’article est très émouvant. Il pourrait constituer la légende d’un album de Raymond Depardon.
Mais l’avenir du pays se joue là où il y a nos jeunes.
Alors oui on peut s’apitoyer avec nostalgie et lyrisme sur les territoires ruraux, mais les chiffres sont là :
https://www.insee.fr/fr/statistiques/2012662
Pour 1000 élèves du 1er degré, on a 90 enseignants en Lozère, 68 dans ces pittoresques Hautes-Alpes… mais seulement 60 en Seine-Saint-Denis (soit disant plein de ZEP) et 55 dans le Rhône.
Alors arrêtons de dire ou d’écrire que c’est la campagne qui est délaissée par le service public ! Le recul des services publics, c’est dans nos espaces urbains qu’il prépare les drames de demain.
Bien amicalement, et au plaisir d’enfin boire un coup prochainement !
Désolé pour cette réponse tardive! J’apprécie Depardon, mais sur ses photos de la France d’avant, il y a rarement des personnes! Or dans les territoires à faible densité, dont les Hautes Alpes, il y a des gens, des jeunes, des salariés, des personnes agées… Certes ils sont beaucoup moins nombreux que dans les ensembles urbains, pour autant ils souffrent du retrait des services publics, comme les jeunes dont tu parles souffrent de l’énorme insuffisance des services publics, notamment dans les quartiers populaires. Nous payons ici, et très cher, une politique constante de réduction des moyens et des personnels des services publics par les gouvernements successifs qui considèrent la dépense publique comme un obstacle au développement économique tels qu’ils le conçoivent. Aussi je n’opposerai pas les territoires et encore moins ceux qui y résident! Oui à bientôt j’espère, pour boire un coup..ou deux!